Chaque année, lorsque les jours commencent à raccourcir, un phénomène discret mais bien réel s’installe. Ce n’est pas spectaculaire, ça ne fait pas de bruit, ça ne provoque pas d’explosion émotionnelle. C’est plutôt une douce descente, presque imperceptible au début : un peu moins d’élan le matin, un peu plus de lourdeur dans le corps, un moral qui flotte au ras des pâquerettes sans trop savoir pourquoi 😶🌫️.
Cette sensation porte un nom — on l’appelle souvent la “déprime de l’hiver”. Mais en réalité, ce n’est pas une pathologie. C’est surtout une adaptation du corps à la saison, un ralentissement naturel, un ajustement presque ancestral que l’on a tendance à oublier dans nos vies modernes qui nous demandent d’être performants 365 jours par an 🏋️.
Car à mesure que la lumière baisse, que le froid s’installe et que nos journées s’étiolent, notre organisme entre dans une autre dynamique. Ce changement n’est pas psychologique : il est physiologique, hormonal, neurologique.
DEPUIS DES MILLÉNAIRES, LE CORPS HUMAIN RÉPOND AUX SAISONS. CE SONT NOS MODES DE VIE QUI ONT CESSÉ DE LE FAIRE…
🌥️🧠 Quand la lumière se fait rare, le cerveau change de rythme. La lumière joue un rôle bien plus important qu’on ne le croit. Elle agit comme un chef d’orchestre qui donne la cadence à nos hormones. En hiver, avec la luminosité qui diminue, la première réaction du corps est d’augmenter la production de mélatonine, cette hormone qui favorise le sommeil et qui nous donne ce fameux “coup de mou”. Autrement dit : ce n’est pas que nous sommes soudain devenus paresseux, c’est simplement que notre cerveau lit l’environnement et murmure : “Il fait sombre, ralentis.”
🔬 Parallèlement, notre sécrétion de sérotonine — ce neurotransmetteur qui soutient le moral et l’élan intérieur — diminue elle aussi. Ce n’est pas que la lumière “fabrique” directement la sérotonine, mais elle joue un rôle essentiel dans tous les mécanismes qui permettent au cerveau d’en produire et d’en utiliser suffisamment. Quand les journées raccourcissent, ces mécanismes s’essoufflent : le transport du tryptophane (le précurseur de la sérotonine) se fait moins bien, les zones cérébrales qui régulent l’humeur sont moins stimulées, et la balance sérotonine/mélatonine se déséquilibre. Résultat : le moral baisse comme la température extérieure. Rien d’anormal là encore : c’est la logique même de notre biologie, un peu comme une plante qui incline la tête faute de soleil.
🪫 Et puis, il y a un phénomène plus subtil : l’hiver nous demande plus d’énergie globale. Le corps lutte contre le froid, renforce son immunité, compense les écarts de température, consomme davantage de ressources internes. On ne s’en rend pas toujours compte, mais nos réserves sont plus sollicitées. Résultat : fatigue, irritabilité, perte d’entrain. Ce n’est pas une faiblesse — c’est un mécanisme d’économie énergétique.
L’HIVER N’EST PAS FAIT POUR LA PERFORMANCE, IL EST FAIT POUR LE RALENTISSEMENT
👉 Ce que l’on perçoit comme une dépression est parfois simplement un besoin naturel de modérer notre allure. À une époque où l’on nous demande d’être performant.es toute l’année, il peut sembler étrange — presque coupable — de ralentir. Pourtant, le corps humain a évolué dans un monde où l’hiver signifiait repos. Nos modes de vie nous éloignent de cette logique, mais notre physiologie, elle, continue de la suivre.
Accepter de ralentir un peu, de vivre différemment selon la saison, c’est être aligné avec son corps. Ce n’est pas céder : c’est respecter sa santé.
Le vrai travail, en hiver, ce n’est pas de lutter contre la fatigue ou de forcer un enthousiasme artificiel. Le vrai travail, c’est d’accepter d’être des êtres vivants — pas des machines. L’hiver est une invitation à ralentir, à se mettre en mode “cocooning physiologique”. Moins d’agitation, plus de calme. Moins de dispersion, plus d’écoute. C’est une saison intérieure, une parenthèse où l’on régénère ce qui se rechargera pleinement au printemps (Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article complet « Nous sommes cycliques : comprendre et honorer notre cycle naturel« ) 🌼🩴🍁❄️.
QUAND LE COCON VAUT MIEUX QUE LE BUNKER
🌞 Se préparer à l’hiver ne signifie pas s’armer, se durcir, ou se “booster” en mode guerrier.ère. C’est tout l’inverse : c’est se créer un espace plus doux, plus chaud, plus congruent avec la saison. Quelques minutes dehors, même sous un ciel plombé, peuvent suffire à rappeler au cerveau la présence de la lumière. La luminosité naturelle reste un signal puissant.
💡 Une lampe de luminothérapie peut aussi devenir une alliée, notamment pour celles/ceux qui traversent l’hiver de nuit en nuit : départ le matin dans l’obscurité, retour le soir dans la même pénombre. La lumière artificielle de forte intensité aide à rééquilibrer l’horloge interne.
🚶♂️➡️ Le mouvement a sa place aussi — mais pas dans la performance. L’hiver n’est pas le moment de s’imposer des défis sportifs héroïques. C’est le moment de réveiller le corps sans l’agresser : marcher, respirer, mobiliser la cage thoracique, délier le dos, réchauffer doucement son système nerveux. Ces gestes simples, presque banals, sont pourtant de vrais régulateurs internes.
🛀☕ Et puis il y a la douceur, celle que l’on sous-estime souvent : un bain chaud, un bon livre, une soirée plus calme, une boisson chaude entre les mains, un plaid. Ces petits rituels, loin d’être de la paresse, constituent une hygiène émotionnelle adaptée à l’hiver.
L’ALIMENTATION : UN PILIER ESSENTIEL POUR MIEUX TRAVERSER L’HIVER
A mesure que les jours raccourcissent, que le froid s’installe et que nos rythmes se modifient, notre organisme augmente naturellement sa consommation en vitamines et minéraux. La vitamine D descend en flèche, les oméga-3 s’épuisent, le magnésium fond littéralement au fil des semaines sombres. Et lorsque ces nutriments diminuent, ce n’est pas seulement l’énergie qui baisse : c’est aussi la capacité à stabiliser l’humeur, à gérer le stress, à récupérer correctement.
En hiver, on gagne beaucoup à privilégier les aliments qui soutiennent naturellement la production de sérotonine. C’est le cas de ceux riches en tryptophane — un acide aminé que l’on trouve dans les œufs, les oléagineux, les légumineuses, le poulet, le poisson ou encore le chocolat noir. Associés à une petite source de glucides, comme un fruit ou une tranche de pain complet, ils aident le cerveau à transformer ce tryptophane en sérotonine, un coup de pouce bienvenu pour garder un moral stable malgré les journées courtes.
Les oméga-3 jouent aussi un rôle clé dans la régulation émotionnelle. Présents notamment dans les poissons gras, certaines huiles ou les noix, ils contribuent à garder un système nerveux souple et stable — un véritable soutien pour traverser les semaines les plus sombres.
Côté immunité, l’hiver est le moment idéal pour remettre à l’honneur les légumes colorés, les agrumes, les épices réchauffantes comme le gingembre ou le curcuma, et les soupes maison qui associent hydratation et apport minéral. Ces aliments ne sont pas seulement “bons pour la santé” : ils préparent littéralement notre organisme à affronter le froid, les microbes et la fatigue saisonnière.
Et puisqu’on boit souvent moins quand il fait froid, l’hydratation mérite une vigilance particulière. Thés, tisanes, bouillons ou simplement eau tiède : tout compte. Un corps bien hydraté gère mieux l’énergie, digère mieux et accumule moins de tensions musculaires.
Prendre soin de son assiette en hiver, ce n’est pas un caprice diététique : c’est un geste de cohérence avec ce que demande naturellement cette saison. Un moyen simple et puissant de soutenir son énergie, son moral et son immunité.
QUAND L’HIVER APPUIE UN PEU TROP FORT
🫸 Même avec ces ajustements, il arrive que l’hiver fatigue plus que prévu. Une lassitude persistante, un moral fluctuant, un besoin de solitude, des pensées qui tournent en rond… Rien d’inquiétant en soi. Ce n’est pas nécessairement une dépression : c’est souvent un état de repli naturel que notre société ne nous laisse plus vraiment vivre.
Dans ces moments-là, il est précieux de s’offrir des espaces pour respirer, pour écrire, pour déposer mentalement ce qui pèse. Parfois, dix minutes de conversation avec quelqu’un qu’on apprécie suffisent à réchauffer un intérieur frigorifié. Et surtout, il faut se rappeler que ce passage n’est qu’un passage : la lumière finit toujours par revenir, et le corps suit 🌀.
L’OSTÉOPATHIE : UN ALLIÉ PRÉCIEUX POUR APAISER LE SYSTÈME NERVEUX EN HIVER
Ce que l’on ressent en hiver n’est pas seulement hormonal. C’est aussi nerveux. Le système nerveux autonome — celui qui régule notre énergie, notre stress, notre digestion, notre sommeil — se dérègle facilement lorsque le rythme saisonnier change.
👉 L’ostéopathie a un rôle magnifique à jouer ici.
Un traitement ostéo peut aider à relâcher les zones de tension qui sur-sollicitent le système nerveux : cage thoracique crispée, diaphragme peu mobile, muscles du cou tendus qui influencent la respiration et la circulation sanguine vers le cerveau. En redonnant de la souplesse aux tissus, on libère la respiration, on améliore l’oxygénation, on apaise le système nerveux parasympathique — celui du repos, de la digestion, du “calme intérieur”.
C’est un peu comme si l’ostéo venait dire au corps :
“Je t’aide à passer en mode hiver, mais sans te faire tomber dans le brouillard mental.”
Beaucoup de patient.es ressentent après une séance une amélioration du sommeil, un apaisement nerveux, une meilleure gestion des variations émotionnelles. Les techniques douces sur le crâne, le diaphragme ou le ventre peuvent réellement soutenir l’organisme dans cette période où tout fonctionne au ralenti.
APPRENONS À ACCUEILLIR L’HIVER PLUTÔT QUE LE SUBIR
Il y a quelque chose d’apaisant à accepter que notre corps ne fonctionne pas à l’identique toute l’année. À comprendre que cette période de fatigue n’est pas un échec, mais une phase. L’hiver demande de la chaleur, du repos, de la douceur, de la lumière sous toutes ses formes — celle du soleil, mais aussi celle des relations humaines, des routines réconfortantes, des instants simples.
Certains retrouvent beaucoup de bien-être en inscrivant dans leur journée un moment dehors, même sous un ciel gris. D’autres trouvent leur ancrage dans un rituel de respiration, une longue douche chaude, une soirée plus calme, un dîner réconfortant. Ce ne sont pas de petits gestes : ce sont des micro-soins saisonniers.
L’important n’est pas de transformer l’hiver en compétition contre soi-même, mais de l’habiter avec un peu plus de compréhension. Le moral baisse ? Il remontera. L’énergie fluctue ? C’est humain. La motivation s’étiole ? Elle reviendra, avec la lumière.
ET AU BOUT DU COMPTE, L’HIVER NE NOUS CASSE PAS : IL NOUS RÉPARE
🛠️ On croit souvent que l’hiver “plombe”. En réalité, il prépare. Il recentre, il épure, il oblige à revenir à l’essentiel. C’est une saison qui nous confronte à nos ressources internes pour mieux les recharger. C’est une respiration longue de plusieurs mois qui permet au corps de se réorganiser, au mental de s’alléger, et à l’énergie de renaître au printemps.
La déprime de l’hiver n’est donc pas une fatalité. C’est une transition. Rappelez-vous que ce passage n’est qu’un passage. La lumière revient toujours. Le corps se réajuste. Le moral remonte. L’hiver n’est pas un état figé : c’est une transition, un mouvement, et comme toutes les transitions, elle a une fin. Apprenez à vous écouter avec plus de bienveillance.
Et parfois, cela suffit déjà à rendre cette saison plus douce — presque belle, même, lorsqu’on cesse de lui résister.
💡💪🌨️🎄 Alors accueillez l’hiver et profitez-en en attendant le renouveau du printemps… Bel hiver à tous ! Prenez soin de vous !